Conclusion et recommandations
Au terme de notre étude, nous avons observé une incidence d’endométrite de 57,6% dont 39,7% se présente sous forme clinique et 17,8 % sous forme subclinique.
Malgré le caractère multifactoriel des endométrites, notre analyse a révélé que seules les infections utérines antérieures présentent un effet significatif (p <0,05). Aussi, l’analyse statistique montre que la différence de fréquences enregistrées selon les différents paramètres (cyclicité, rang de vêlage, production laitière et BCS) n’est pas significative (P >0,05). Ceci pourrait s’expliquer par la présence d’autres paramètres extérieurs qui interfèrent et empêcheraient l’expression des facteurs de risque étudiés.
Le diagnostic des endométrites effectué sur 151 vaches a été réalisé au moyen de plusieurs investigations (palpation transrectale, vaginoscopie et cytologie), ce qui a permis de définir l’efficacité de chaque méthode diagnostique. Les différentes appréciations notées par lesexamens gynécologiques permettent de diagnostiquer les vaches cliniques, alors que seule la méthode de cytologie permet de différencier les vaches subcliniques des vaches saines. Les résultats de la cytologie se basent sur le taux de cellules prélevées au niveau du col et de l’utérus. La précision du diagnostic est de 42% au niveau de l’utérus alors qu’elle n’est que 36% au niveau du col.
D’après nos résultats relatifs à l’effet de la nutrition, les métabolites énergétiques connaissent d’importantes modifications autour du vêlage. Les taux d’AGNE et de BHB ont tendance à doubler entre la période de préparation au vêlage (J-15) et le PP (J21- 35). Cette augmentation influence les aptitudes immunitaires au niveau du tractus génital, ce qui conditionne la persistante de l’état inflammatoire. La baisse de l’insulinémie (d’environ 50%) peut être justifiée par le métabolisme lipidique PP qui utilise les précurseurs de glucose en excès afin d’assurer la ré-éthérification des AGNE au niveau du foie.
En l’absence de traitement, nous observons un taux de guérison spontanée de 30,8 % lors du contrôle à J+14. La majorité des vaches (46,2%) atteintes d’endométrite subclinique persiste dans cet état tandis que 23% deviennent cliniques au bout de 14 jours.
Du point de vue performances de reproduction, la présence d’une endométrite affecte le taux de réussite en IA1 qui n’est que de 26,9 % lors d’endométrite clinique et de 36% lors d’endométrite subclinique. On observe donc une baisse de 29 points chez les vaches cliniques et de 20 points chez les vaches subcliniques.
A la lumière de nos résultats et ceux des travaux précédents, les recommandations suivantes nous semblent appropriées:
- Au vu des résultats obtenus et des hypothèses disponibles dans la littérature, il est fortement recommandé d’améliorer les conditions d’hygiène et les méthodes diagnostiques en élevage laitier. Dans le cadre d’une bonne gestion de la reproduction, procéder au contrôle de l’involution utérine entre 21 et 35 jours PP et donner plus d’importance au dépistage des endométrites subcliniques qui passent le plus souvent inaperçues.
- L’alimentation joue un rôle primordial en période de transition. Les rations doivent évoluer lentement et progressivement en péri-partum de manière à favoriser l’adaptation des micro-organismes du rumen au nouveau régime alimentaire. Afin d’éviter les déficits énergétiques, la prévention se fait sur le long terme, bien avant le part.
- Evaluer les concentrations des métabolites énergétiques dont les AGNE et les BHB de manière régulière. Ceci permet en premier lieu de prévenir une hypercétonémie, qui en plus de ses conséquences sur l’état de santé, interfère avec l’immunité utérine et induit des problèmes de reproduction. Nous avons aussi observé que la hausse des valeurs de BHB était plus pertinente et plus précoce, leur dosage n’est pas contraignant. Il peut être réalisé sur place à l’aide d’un appareil de dosage direct (similaire à l’appareil de dosage de la glycémie utilisé en cas de diabète). Il mérite d’être introduit dans la routine diagnostic de l’élevage laitier.
- Contrôler la relation entre le déficit énergétique en début de lactation et l’apparition des endométrites subcliniques et cliniques.
- Approfondir les études se rapportant au phénomène de guérison spontanée chez les vaches subcliniques et s’intéresser aux traitements curatifs. La céfaprine présente sur le marché est une molécule antibiotique qui a déjà fait ses preuves, ceci souligne le caractère bactériologique de l’endométrite, d’où l’intérêt d’approfondir les recherches sur les étiologies infectieuses pour éviter les problèmes de résistance aux antibiotiques.
- Au vue de l’effet néfaste des endométrites sur les performances de reproduction, il serait bénéfique pour l’élevage de renforcer les mesures de prophylaxie autour du vêlage et au cours du PP afin d’atténuer l’incidence des endométrites et de minimiser leur impact sur la fertilité et la fécondité. Systématiser le dépistage des endométrites c’est restreindre les causes d’infertilité.
- Réaliser des études similaires dans d’autres élevages, sur différentes races afin de créer un schéma comparatif dans les conditions marocaines.